Las Palabras, Pablo Neruda

Las Palabras, Pablo Neruda

vendredi 14 novembre 2014

Discussion autour de l'extrait de "les Villes invisibles" de Italo Calvino


Merci à Federico pour ce compte rendu!



Marco Polo et Kublai Khan

Marco Polo et Kublai Khan sont deux personnages complémentaires : Kublai est un empereur tout puissant qui a cependant besoin de Marco pour connaître son empire. Il a le pouvoir et tient entre ses mains un atlas qui lui indique les donnés objectifs concernant chaque ville, mais il n’en a aucune connaissance directe. De même, Marco sait qu’il trouvera un interlocuteur attentif, que ses entreprises trouveront des oreilles curieuses pour les écouter. Kublai a son acteur et Marco son public.

Le Khan représente l’idée de la connaissance comme conquête et accumulation. Cet homme est un guerrier, un conquéreur, pour lequel connaître est équivalent à posséder du savoir.

L’atmosphère du texte est onirique, comme dans les « milles et une nuits ». Calvino utilise des termes rares et insolites (pantomime, logogriphes,) et des images exotiques et éparpillées (le poisson et le cormoran, l’homme qui traverse le feu) pour créer une atmosphère suspendue entre le rêve et la veille.

Ce texte est représentatif du problème de la communicabilité. Bien qu’elles aient un pouvoir évocateur, les pantomimes du vénitien ne dissolvent pas l’incertitude de la communication. Même quand Marco apprend la langue tartare, ce qui lui permet de préciser ses récits et détailler ses descriptions, il y a toujours un « quelque chose » qui échappe. La profusion de détails ne garantit pas l’interprétation unique.
La communication, puisqu’elle ne peut pas se construire d’abord par la parole, se décline en plusieurs formes : montrer des objets, expression théâtrale, rebus.
Dans ce texte la communication se construit, paradoxalement, aussi par le silence. Le dialogue est un jeu de parole et de pauses, tout comme dans le jeu de l’acteur.
L’image de la pantomime elle-même est représentative de ce jeu : le mime, plus que tout autre forme d’expression dramatique, se construit entre expressivité, action et silence.

Le voyage est à la fois le voyage réel de Marco dans l’empire mais aussi le voyage imaginaire et silencieux de la pensée du Khan. Voyager c’est s’avancer dans l’invisible et le véritable voyage commence quand le récit se termine, face au non-dit. La divagation (di-vagare) est une errance.

Présence de l’idée de jeu : le jeu devient le sens et l’essence même de la vie. Calvino nous le montre en introduisant plusieurs images comme le rebus, le jeu d’échec et les pantomimes. La farce de Marco est ce qui donne sens à ses expériences et au récit. L’échange qui se construit entre les deux personnages est un jeu symbolique de questionnement et réponse.

Texte qui met en lumière la relation entre signifiant et signifié, entre l’objet et son symbole. Est-ce que le signe correspond à ce qu’il désigne ? Faut-il rechercher une correspondance objective entre les deux ? Calvino semble suggérer qu’il est beaucoup plus intéressant de se plonger dans la richesse interprétative d’un signe. Un simple signe, s’il n’est pas immédiatement ramené à son objet, peut être le point d’élan vers les plus belles chimères.
L’image que la seule évocation d’un signe engendre a une valeur en soi, au delà de ce qu’elle pourrait représenter.
Le phantasme est plus puissant que l’objet, c’est pourquoi dans la mémoire du Khan restent d’abord les récits de Marco et ses gestes qui étaient des signes d’objets imaginaires construits par la fantaisie du Khan. 

Le célèbre tableau de Magritte.
Quel lien y a-t-il entre l'objet, le mot et l'image?

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