Las Palabras, Pablo Neruda

Las Palabras, Pablo Neruda

samedi 13 décembre 2014

Rencontre Paroles - l'Ecole de l'Absolu


RDV 16 décembre à 18h30 en salle C 12 06 au Centre PMF de l'Université Paris 1.

L'association de littérature de l'Université Paris 1,Paroles-le club de lecture, invite les membres de l'Ecole de l'Absolu, jeunes écrivains et étudiants à la Sorbonne, pour une séance spéciale autour de leurs textes.

Selon la forme classique de nos rencontres, nous lirons des extraits de leurs travaux et les commenterons.
Vous êtes tous les bienvenus. Venez écouter, discuter, participer ou tout simplement jeter un coup d'oeil!

Pour toute information supplémentaire sur l'Ecole de l'Absolu http://ecoledelabsolu.fr/ https://www.facebook.com/events/472229639581767

mardi 9 décembre 2014

Discussion autour du poème de Carlos Drummond de Andrade, "Morte no avião".

Par Augustin

Entre les lignes, le narrateur chuchote : "je vais mourir..." Ô, mais quel est ce "je" ? L'homme à l'instant où il meurt... celui qui déjà mort ressasse... Fatale semble sa route, la mort est annoncé, il marche vers elle, pris dans l'engrenage (de la vie ? de la narration ?). Le "je" est impersonnel, le ton est neutre, la mort intellectualisé. Le narrateur semble s'élever au-dessus du monde, de la vie, de sa vie. Le temps n'a plus cours sur lui. Les frontières entre vie et mort sont confuses : il est toujours déjà mort. Des espaces de liberté s'ouvrent ! Il y a t-il une morale ? Résignez-vous ! Tout n'est que vanité ! Il y a t-il un propos religieux ?... au travers de cette moral de la mort... Est-il un terroriste ?! car vingt personnes doivent le suivre dans sa destruction. Plus rien ne le surprenant. Il lui faut être clair, il faut que tout soit ordonné : il se prépare à la mort... Et rupture ! de la fin du récit. Le texte s'accélère, se dynamise... et se clôt par de l'ironie.

Quelques oeuvres et auteurs auxquels nous avons pensé :
- American Beauty (et le personnage qui annonce sa mort) ;
- Dostoïevski (et ces formules : "il devrait se souvenir que...") ;
- La Nausée, J.-P. Sartre (et l'importance de la fin) ;

-Pessoa

Lorsque viendra le printemps,
si je suis déjà mort,
les fleurs fleuriront de la même manière
et les arbres ne seront pas moins verts
qu’au printemps passé.
La réalité n’a pas besoin de moi.

J’éprouve une joie énorme
à la pensée que ma mort n’a aucune importance.

Si je savais que demain je dois mourir
et que le printemps est pour après-demain,
je serais content de ce qu’il soit pour après-demain.
Si c’est là son temps, quand viendrait-il sinon
en son temps ?
J’aime que tout soit réel et que tout soit précis ;
et je l’aime parce qu’il en serait ainsi, même
si je ne l’aimais pas.
C’est pourquoi, si je meurs sur-le-champ, je meurs content,
parce que tout est réel et tout est précis.

On peut, si l’on veut, prier en latin sur mon cercueil.
On peut, si l’on veut, danser et chanter tout autour.
Je n’ai pas de préférences pour un temps où je ne pourrai plus avoir de préférences.
Ce qui sera, quand cela sera, c’est cela qui sera ce qui est.
***
Fernando Pessoa (1888-1935) – 7-11-1915 – Traduction d’Armand Guibert

samedi 6 décembre 2014

Séande du 9 décembre: "Sonne et Sonne", L-G. Damas

Texte à lire pour la prochaine séance, mardi 9 décembre, 18h30 en Sorbonne salle F615 (entrée rue Cujas).



SONNE ET SONNE
sonne à mon cœur mariné dans l'alcool
dont nul n'a voulut tâter à table hier
Sonne et Sonne
minuit de clair de lune à trois
dont l'image est à jamais en UNE
FEMME entrevue en l'Ile aux mille et une fleurs
assise au pied des mornes verts
et filaos échevelés

            ALLO ALLO
            Allo Sicy
            Sicy-Chabine
            ICI Limbé

            Veux-tu que nous jouions
            au jeux de notre enfance enjouée
            dis
            veux-tu que nous jouions
            au jeux du baiser-pur
            du baiser-sur-le-front
            du baiser-jamais sur la bouche

SONNE ET SONNE
sonne à mon cœur mariné dans l'alcool
dont nul n'a voulut tâter à table hier
sonne et sonne
minuit de clair de lune à trois
dont l'image est à jamais en UNE
FEMME entrevue en l'Ile aux mille et une fleurs
assise au pied des mornes verts
et filaos échevelés
et flûte de bambou du Pâtre éveillé modulant la
   rengaine en sourdine

            LE BEL ENFANT DE CHOEUR
            tout plein gentil
            tout plein jolie
            tout plein mignon

            Le bel enfant de chœur
            en caramel
            chasuble rouge
            soulier vernis
            qu'il me souvient d'avoir été
            au seuil grandiose
            des reposoirs sur qui pleuvaient
            roses effeuillées
            rose parfumés
            roses d'encens
            miraculées
            immaculées
            matriculées
            à la Fête-Dieu
            des ans passés et trépassés

SONNE ET SONNE
sonne à mon cœur mariné dans l'alcool dont nul n'a
   voulut
tâter à table hier
sonne et sonne
minuit de clair de lune à trois dont l'image est à
   jamais en UNE
FEMME entrevue en l'Ile au mille et une fleurs
assise au pied des mornes verts
et filaos échevelés
et flûte de bambou du Pâtre éveillé modulant la
   rengaine en sourdine
et le bruit court dans les halliers

            BANALITÉ SANS AUCUN DOUTE
            mais avant que de se donner
            entière et belle et noir et drue
            au vétiver du sentier
            qui mène au Morne-à-Cases
            où pleure dans la nuit
            une flûte de bambou
            la Fille à la Calebasse d'indifférence
            implora par trois fois
            Seigneu
                         Jézi
                                la Viège Marhi
                                          Joseph

SONNE ET SONNE
sonne à mon cœur mariné dans l'alcool
dont nul n'a voulut
tâter à table hier
sonne et sonne
minuit de clair de lune à trois
dont l'image est à jamais en UNE
FEMME entrevue à l'Ile aux mille et une fleurs
assise au pied des mornes verts
et filaos échevelés
et flûte de bambou du Pâtre éveillé modulant la
   rengaine en sourdine
et le bruit court dans les halliers
et ma voix clame en Exil

            CESSE OU JE RACCROCHE
            je ne joue plus
            je dis tout
            et je dis

            Ce n'était pas lui
            ce n'était pas celle
            qui seul eût pu
            vous parler de lui

            Ce n'était pas elle
            ce n'était pas lui
            ce n'était que moi
            à l'autre bout du monde
            au bout de l'appel
            tout au bout du fil
            au bout de l'angoisse
            au bout de l'attente
            à bout de désir

            Cesse ou je raccroche
            je ne joue plus
            je dis tout
            et je dis
            mon dernier vers

            La nuit dernière
            au beau mitan du Ciel
            des Iles
            un soleil rouge de feu rouge à brûler vif
            des torses et torses et torses et torses nus
            des bacouas
            des bacouas des bacouas en bataille
            des pantalons au trois quarts retroussés
            des coutelas flambants neufs
            au lieu de belles cannes
            coupaient
            coupaient des théories de têtes
            de têtes
            de têtes
            de têtes blondes
                           comme la vôtre
                                         mon bel amour

            Cesse ou je raccroche
            je ne joue plus à vous
            je dis tout
            et je dis

            Je ne sais
            si tu sais
            que tu m'aimes
            si tu sais
            que je sais
            que tu sais
            que je t'aime
           
SONNE ET SONNE
sonne à mon cœur mariné dans l'alcool
dont nul n'a voulut tâter à table hier
sonne et sonne
minuit de clair de lune à trois
dont l'image est à jamais en UNE
FEMME entrevue en l'Ile au mille et une fleurs
assise au pied des mornes verts
et filaos échevelés
et flûte de bambou du Pâtre éveillé modulant la
   rengaine en sourdine
et le bruit cour dans les halliers


et ma voix clame en Exil
et l'Exile chante à deux voix
[…]


L.-G. DAMAS, in Black-Label, II, éd. Gallimard.

Séance du 2 décembre: "Morte no avião", Carlos Drummond de Andrade

"Morte no avião"

Acordo para a morte.
Barbeio-me, visto-me, calço-me.
É meu último dia: um dia
cortado de nenhum pressentimento.
Tudo funciona como sempre.
Saio para a rua. Vou morrer.
Não morrerei agora. Um dia
inteiro se desata à minha frente.
Um dia como é longo. Quantos passos
na rua, que atravesso. E quantas coisas
no tempo, acumuladas. Sem reparar,
sigo meu caminho. Muitas faces
comprimem-se no caderno de notas.
Visito o banco. Para que
esse dinheiro azul se algumas horas
mais, vem a polícia retirá-lo
do que foi meu peito e está aberto?
Mas não me vejo cortado e ensangüentado.
Estou limpo, claro, nítido, estival.
Não obstante caminho para a morte.
Passo nos escritórios. Nos espelhos,
nas mãos que apertam, nos olhos míopes, nas bocas
que sorriem ou simplesmente falam eu desfilo.
Não me despeço, de nada sei, não temo:
a morte dissimula
seu bafo e sua tática.


Almoço. Para quê? Almoço um peixe em outro e creme.
É meu último peixe em meu último
garfo. A boca distingue, escolhe, julga,
absorve. Passa música no doce, um arrepio
de violino ou vento, não sei. Não é a morte.
É o sol. Os bondes cheios. O trabalho.
Estou na cidade grande e sou um homem
na engrenagem. Tenho pressa. Vou morrer.
Peço passagem aos lentos. Não olho os cafés
que retinem xícaras e anedotas,
como não olho o muro de velho hospital em sombra.
Nem os cartazes. Tenho pressa. Compro um jornal. É pressa,
embora vá morrer.


O dia na sua metade já rota não me avisa
que começo também a acabar. Estou cansado.
Queria dormir, mas os preparativos. O telefone.
A fatura. A carta. Faço mil coisas
que criarão outras mil, aqui, além, nos Estados Unidos.
Comprometo-me ao extremo, combino encontros
a que nunca irei, prununcio palavras vãs,
minto dizendo: até amanhã. Pois não haverá.
Declino a tarde, minha cabeça dói, defendo-me,
a mão estende um comprimido: a água
afoga a menos que dor, a mosca,
o zumbido... Disso não morrerei: a morte engana,
como um jogador de futebol a morte engana,
como os caixeiros escolhe
meticulosa, entre doenças e desastres.


Ainda não é a morte, é a sombra
sobre edifícios fatigados, pausa
entre duas corridas. Desfale o comércio de atacado,
vão repousar os engenheiros, os funcionários, os pedreiros.
Mas continuam vigilantes os motoristas, os garçons,
mil outras profissões noturnas. A cidade
muda de mão, num golpe.


Volto à casa. De novo me limpo.
Que os cabelos se apresentem ordenados
e as unhas não lembrem a antiga criança rebelde.
A roupa sem pó. A mala sintética.
Fecho meu quarto. Fecho minha vida.
O elevador me fecha. Estou sereno.


Pela última vez miro a cidade.
Ainda posso decidir, adiar a morte,
não tomar esse carro. Não seguir para.
Posso voltar, dizer: amigos,
esqueci um papel, não há viagem,
ir ao cassino, ler um livro.


Mas tomo o carro. Indico o lugar
onde algo espera. O campo. Refletores.
Passo entre mármores, vidro, aço cromado.
Subo uma escada. Curvo-me. Penetro
no interior da morte.


A morte dispôs poltronas para o conforto
da espera. Aqui se encontram
os que vão morrer e não sabem.
Jornais, café, chicletes, algodão para o ouvido,
pequenos serviços cercam de delicadeza
nossos corpos amarrados.
Vamos morrer, já não é apenas
meu fim particular e limitado,
somos vinte a ser destruídos,
morreremos vinte,
vinte nos espatifaremos, é agora.


Ou quase. Primeiro a morte particular,
restrita, silenciosa, do indivíduo.
Morro secretamente e sem dor,
para viver apenas como pedaço de vinte,
e me incorporo todos os pedaços
dos que igualmente vão parecendo calados.
Somos um em vinte, ramalhete
dos sopros robustos prestes a desfazer-se.


E pairamos,
frigidamente pairamos sobre os negócios
e os amores da região.
Ruas de brinquedo se desmancham,
luzes se abafam; apenas
colchão de nuvens, morres se dissolvem,
apenas
um tubo de frio roça meus ouvidos,
um tubo que se obtura: e dentro
da caixa iluminada e tépida vivemos
em conforto e solidão e calma e nada.


Vivo
meu instante final e é como
se vivesse há muitos anos
antes e depois de hoje,
uma contínua vida irrefrável,
onde não houvesse pausas, sonos,
tão macia na noite é esta máquina e tão facilmente ela corta
blocos cade vaz maiores de ar.
Sou vinte na máquina
que suavemente respira,
entre placas estelares e remotos sopros de terra,
sinto-me natural a milhares de metro de altura,
nem ave nem mito,
guardo consciência de meus poderes,
e sem mistificação eu vôo,
sou um corpo voante e conservo bolsos, relógios, unhas,
ligado à terra pela memória e pelo costume dos músculos,
carne em breve explodindo.


Ó brancura, serenidade sob a violência
da morte sem aviso prévio,
cautelosa, não obstante irreprimível aproximação de um perigo atmosférico
golpe vibrado no ar, lâmina de vento
no pescoço, raio
choque estrondo fulguração
rolamos pulverizados
caio verticalmente e me transformo em notícia.

Carlos Drummond de Andrade
in A Rosa do Povo (1945)

Texte en français

"Mort en avion"